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TheWordsofLarry
13 décembre 2017

UNE HISTOIRE A RACONTER - 11 -Laura L.

Au cours de mes trois années d'études à Montpellier, je suis sorti avec une certaine Laura. Il y en aura une autre portant le même prénom et durant la même période ; j'en parlerai plus loin. Concernant cette Laura ci, ce qui est vraiment incroyable, c'est que c'était vraiment la dernière fille avec qui j'aurais imaginer sortir. Non pas parce qu'elle était moche ou simplement quelconque, bien au contraire car elle était plutôt très jolie, mais parce qu'elle avait été jusqu'alors si peu démonstrative et réservée, même froide n'ayons pas peur des mots, que je fus bien loin de penser la faire fantasmer à ce point. Ne parlons pas de narcissisme, je vous en prie, je pense que c'est simplement le terme approprié.
Un soir, les anciens d'IPESUD avaient organisé une soirée dans un bar du centre-ville,le point zéro, et tous les étudiants de l'école étaient invités. À cette époque, mes relations avec Alex demeuraient encore très compliquées. Officiellement, j'étais célibataire. Officieusement, c'est une autre histoire. Le fait est que je passais la soirée en compagnie de mon vieux pote Goum, Thomas de son vrai prénom, qui était dans ma classe l'année passée. Il était à présent en 1ère année d'architecture d'intérieur. Ce soir là, nous avions pas mal picolé et cela nous donnait des ailes. Or, Mon cher ami avait tout de même un petit problème de sur-poids. Il cherchait désespérément l'âme sœur mais n'y parvenais point. Pourtant, il était adorable ; un gars charmant, drôle et attentionné. Mais rien à faire, sa silhouette, lui jouait des tours et ces demoiselles n'avaient pas envie de creuser plus en profondeur. Mal leur en a pris, peut-être manquait-il encore cruellement de maturité et d'expérience à l'époque mais le fait est que, depuis, il s'est transformé en un très bel homme et a pris une jolie petite revanche sur la gente féminine !
Enfin... nous voilà accoudés à des tables hautes, à proximité immédiate de la piste de danse. On mate. Les chansons passent et passent, les caissons de basse faisant vibrer les tripes de chacun. Vient un moment où, à force de tournées, de cigarettes et aussi de fatigue -n'oublions pas que nous nous trouvons ici en première année de BTS en arts appliqués- j'étais déjà bien entamé. Pour tout dire, j'envisageais de rentrer à mon studio quand Goum m'avoue son désarroi de ne parvenir, malgré tous ses efforts, à conclure avec une de ces demoiselles ou bien d'au moins en séduire une. Moi, d'un naturel et d'une spontanéité que je ne me connaissais pas, je lui réponds : "Attends, je vais te montrer comment il faut faire !". Je n'étais absolument pas convaincu de l'issue de la démonstration mais c'était dit. À ce moment là, je n'étais pas saoul (pas encore tout au moins), pas de guingois, mais simplement complètement desinhibé : Plus rien ne m'impressionnait. J'y vais donc, confiant, sans me poser de questions, me glissant dans le groupe en train de fébrilement s'agiter. Très vite, je vois Laura en train d'achever une danse. Sans vouloir me répéter, elle était une fille avec qui je n'avais jamais envisagé quelque relation que ce soit mais, ce soir là, elle était différente car pour une fois elle souriait ! C'est juste cela qui m'a attiré. Déjà jolie, son sourire exacerbait d'autant plus son charme. Je la rejoins donc sur la danse suivante se trouvant être un slow, ce qui tombait à point nommé. Elle accepte sans trop réagir mais je peux lire dans ses yeux une surprise totale. Pendant une fraction de seconde, je l'ai même sentie complètement désemparée, comme une enfant. Le fait est que, quand j'y pense, sa réaction en disait long mais dans ce genre de circonstances j'ai toujours été un grand naïf. Pendant le slow, une très grande proximité -quelque part électrique, sensuelle, indescriptible- s'empare de nous. Sans vraiment réaliser, je commence à l'embrasser dans le cou. Là, je sens son étreinte se resserrer. Et tout s'est emballé. La seconde d'après on s'embrassait à n'en plus pouvoir. Je n'ai même pas eu le temps de comprendre ce qu'il nous arrivait. Pour l'anecdote, je crois bien que jamais une fille ne m'a embrassé comme elle et avec une telle fougue ! Qu'est-ce qu'elle embrassait bien ! C'était la classe internationale.

Malheureusement, nous l'ignorions encore, cela demeure le moment le plus fort que nous n'ayons jamais partagé ensemble.

Après s'être embrassés, tout le monde autour de nous semblait halluciner et je ne parle même pas de Goum qui est carrément resté sans voix. C'était de l'étonnement mêlé à de la satisfaction, même aussi de l'admiration. Je tapais dans la main de Rils, un autre pote, passant avec une autre cavalière à proximité. Lui non plus n'en revenais pas. Laura me regarde alors d'un air ou se mêlaient la joie et une gêne adorable : une petite fille, c'est cela. Il faut dire qu'à cette époque elle avait 18 ans et moi 25. Peut-être était elle également impressionnée ? Elle se blottit aussitôt au creux de mon épaule, comme si elle ne croyait pas à ce qui venait de se passer, comme si c'était ce qu'elle espérait secrètement depuis des mois. Et c'était le cas car elle me le confiera plus tard. Mais qu'en savais-je, moi ? Je l'ignorais totalement. En honnête homme, je le répète, je n'en savais absolument rien. La chose prend alors des proportions insoupçonnées.

En parfait gentleman, je lui propose un verre et me rends de ce fait jusqu'au bar. À ce moment là, je me rends bien compte que je ne me sens plus aussi bien qu'au début de la danse. Il était temps de rentrer... mais dans quel état ! J'avoue qu'à partir de là, les événements deviennent très flous. Je ne me souviens absolument pas du retour dans ma voiture par exemple. Par contre, je me souviens parfaitement du moment où je me suis rendu compte, une fois devant la porte de l'immeuble, que j'avais perdu mon trousseau de clés... la loose !!! Je me suis vraiment senti très bête. C'est le genre de truc qui vous fait dessaouler d'un coup, pas autant que quand je m'étais retrouvé sur le toit de ma 205 l'été passé, mais presque ! Bref, il fallait bien que je trouve une solution et Laura a été patiente, très magnanime. Quand j'y repense, vu les péripéties et les excentricités qu'il a fallu que j'invente pour pouvoir rentrer avec elle dans mes pénates, elle a été vraiment eu du mérite de ne pas se barrer en courant car la situation était grotesque !!! Il n'y a pas d'autres mots.

On se retrouve donc à la porte. Par bonheur j'habitais au première étage et le balcon de mon studio était juste au dessus de nos têtes, en porte-a-faux. Je pouvais y accéder mais il me fallait de l'aide et je n'allais certainement pas demander à Laura de s'y employer. Là, cela serait devenu carrément lugubre. Je décide donc de me rendre chez Alex, ou s'étaient retrouvés deux autres copains, Niko & Charlotte, qui étaient en couple et qui avaient quitté le bar un peu plus tôt que nous. Il fallait le faire car Je vous rappelle qu'Alex et moi étions plus ou moins ensemble, plus ou moins en couple, plus ou moins séparés. Une situation très Kafkaïenne, je vous l'accorde. Peut-être que Laura ne l'apprendra qu'en lisant ce texte mais les bruits de couloir à l'école allant bon train et, n'étant pas stupide, je pense qu'elle était plus ou moins au courant . Rendez-vous donc chez mon actuelle épouse, rappelons-le, la gueule enfarinée, tout penaud, pour demander de l'aide à Niko. Or, étaient également présents chez Alex, Nono, Mathieu et Gilles, d'autres potes de l'école. Grand moment de solitude. Encore une fois, je m'étonne que Laura ne soit pas partie en m'insultant, la situation pour elle devenant carrément gênante. Débarquant ainsi, avec Laura à mes côtés, dans le studio de celle dont ces potes se doutaient qu'il y avait encore quelque chose entre nous, comme un con, démuni, ne sachant plus quoi dire, furent aussi gênés que moi. En effet, comprenant que j'étais en couple avec Laura depuis peu, eux non plus, ne savaient plus quoi dire. C'est une chose et une situation à laquelle ils ne s'attendaient pas du tout. Malgré ce, je tente de conserver un certain panache mais je doute que mon petit stratagème ait fonctionné bien longtemps et ne parle même pas de la réaction d'Alex ! Oui, passons car on peut alors parler de Vaudeville... tout s'est passé par le regard mais cela fut très explicite.

Courte échelle devant le balcon, Gilles, Nono et Niko étaient venus m'aider : première tentative infructueuse où je me vautre lamentablement (j'en garde d'ailleurs ce dessin que j'avais fait pour immortaliser le moment) :

illus

Et Laura qui était là pour assister à ce spectacle navrant... mon Dieu !.. enfin, la deuxième tentative fut la bonne. J'accédais au studio, via le balcon où j'avais laissé la baie vitrée déverrouillée. Remerciant mes copains qui partent alors en éparpillant de nombreux rires dans leur sillage, Laura me rejoint aussitôt dans le studio.

On a parlé. C'est tout ce que nous avons fait : parler. Je crois surtout me souvenir qu'il s'agissait d'un monologue. L'échange en elle même, car elle a tout de même existée, je n'en ai pas le moindre souvenir. Alors, il est vrai que, comme elle me l'a rappelé à juste titre lorsque je l'ai re-contactée pour lui faire lire ce texte, Laura n'avait pas "bu que de l'eau ce soir là". Nous étions un peu amoché tous les deux et, une fois dans le studio, nous nous trouvions alors en pleine descente. Ceci explique sûrement sa patience, sa diligence et sa relative bonne humeur lorsque, une heure avant, je me démenais de façon clownesque. Nous avons parlé de tout et de rien, sages comme des images, elle sur mon lit et moi assis sur mon club en cuir, juste à côté. Une idée ou deux m'ont parcouru l'esprit, il faut le reconnaître, car elle m'excitais tout de même pas mal. Mais non, nous échangions des points de vue sur la manière dont pouvaient nous percevoir les autres, ou sur la façon dont ils nous percevaient vraiment, se donnant mutuellement des conseils. On s'exprimait sur ce qui venait de se passer, échangeant sur les sentiments qui s'étaient emparés de nous à l'instant X. On s'est aussi raconté des anecdotes qui s'étaient passées pendant l'année, et même la précédente, dont nous n'avions pas eu connaissance ou plutôt dont nous ne nous étions pas rendu compte. A ce jour, je ne saurais sonder d'avantage mes souvenirs mais je je me remémore une dernière chose car c'est "la" réflexion que me faisais alors : "nous nous sommes rencontrés et sommes sortis ensemble dans une situation et un contexte extra-ordinaires et qui plus est dans un état très second. Le destin a fait le reste... on fait quoi maintenant ???". J'ai su qu'elle avait le même sentiment.

Ma nouvelle conquête n'est pas restée au studio. Je ne me rappelle plus de quelle façon nous nous sommes quittés. Certainement que nous nous sommes embrassés et que nous nous sommes dit : "à demain" !

Or, le lendemain, c'était le malaise. J'avais décuvé et avais du mal à croire que je sortais, de façon officielle, avec Laura. Je n'avais pas honte de la relation en elle même car j'en étais satisfait mais "Bon sang !", me disais-je, "nous n'avons rien à faire ensemble ! ". c'était pour moi un anachronisme. C'était comme si, ce soir là, aux manettes du Faucon Millénium, nous étions passé en hyper espace sans que nous ne nous y attendions. Comme si ce bon vieux R2D2, manipulant la mécanique du vaisseau, avait été la personnification de notre destin, se contentant de faire ce qu'il avait à faire. Drôle de métaphore me direz-vous ? Elle est néanmoins assez représentative. Je pense cependant que si la relation avait du durer plus longtemps Laura n'aurait pas dit non, histoire de faire un petit bout de chemin ensemble, et cela, même si les circonstances dans lesquelles nous étions sortis ensemble sortaient de l'ordinaire. Me concernant, je me sentais trop mal à l'aise vis à vis d'Alex et mon avenir avec Laura était donc d'ores et déjà tout à fait compromis. J'étais mal. En effet, étant convaincu qu'il y avait une lueur d'espoir dans son esprit, je me sentais comme le dernier des faux-jetons. Tout cela n'aurait pas du se passer. C'était d'autant plus dur que, après avoir discuté avec elle dans le studio, j'avais appris à vraiment l'apprécier. Et puis elle était vraiment attirante, c'est un fait. Mais non, quelque chose me bloquait, il n'y avait rien à faire.

 

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